La situation critique du Crédit Suisse
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Après SVB, c’est au tour du Crédit Suisse (CS) d’être dans la sauce. Tout le secteur bancaire est en sueur et cette fois, c’est encore autre chose.
Contexte : Le CS est souvent considéré comme le maillon faible de la bande des grandes banques européennes. Depuis quelques années, le CS collectionne les scandales dont les affaires Greensill et Archegos qui lui ont coûté environ 16 milliards de dollars en deux ans.
Qu’est-ce qu’il s’est passé ?
- CS a d’abord retardé la publication de son bilan annuel. Comme vous vous en doutez, ce fameux bilan (publié avant-hier) est fébrile : CS affiche une perte nette de 7,4 milliards d’euros en 2022, conséquence des retraits d’argent massifs de ses clients qui n’ont plus confiance.
- C’est là que ça se complique : Le président de la Banque nationale saoudienne, l’actionnaire majoritaire du Crédit Suisse, a exclu hier la possibilité d’investir encore dans CS. En clair, le CS, c’est plus le doss’ de l’Arabie Saoudite.
- Résultat : Plus grosse chute en bourse de l’histoire de CS en une séance (-24,24%), qui atteint un point bas record.
Pour N. Aslam, directeur de l’information à Zaye Capital, “les traders s’inquiètent de la capacité de survie de Crédit Suisse et, dans le cas [où elle ne survivrait pas], de l’ampleur de la crise qui s’annonce”. BNP Paribas et Société générale affichent l’une de leur pire journée avec -10,11% et -12,18% respectivement.
Rappel : le CS fait partie des banques systémiques. En clair, si elle fait faillite, le système financier mondial pourrait rejoindre la reine Elizabeth.
Mais ce scénario reste discutable :
- Selon Reuters, de nombreuses banques se seraient détachées de CS ces derniers mois pour assurer leurs arrières en cas de faillite.
- Selon A. Lehmann (Oui, Lehmann, ce n’est pas une blague), directeur du CS, la banque a “de solides ratios financiers” et son plan de restructuration présenté en octobre 2022 permettra de mettre fin aux scandales et de redresser ses finances. Bref, de nombreux analystes (comme A. Baradez, d’IG Group) estiment qu’il est peu probable qu’on soit confronté à un 2008 2.0.
Et maintenant ? La Banque centrale suisse a déclaré hier en début de soirée qu’elle serait prête à fournir de la liquidité à CS si nécessaire et… Ça l’était : CS a annoncé cette nuit qu’elle allait emprunter jusqu’à 54 milliards de dollars à la Banque centrale suisse pour « soutenir les activités principales et les clients du Credit Suisse. »
Bref : Le CS a perdu près de 40% depuis le début de l’année et ne pèse plus que 7 milliards de dollars (3 milliards de moins que le Dogecoin). Mais il faut rappeler que CS n’a rien à voir avec SVB. La banque suisse a des actifs bien plus liquides et est encore largement en capacité d’assurer les retraits. Tant que ses clients gardent leur calme, tout va bien. RDV aujourd’hui pour la réunion de la BCE et le ressenti de la présidente C. Lagarde sur les tensions du secteur bancaire.