La Chine impose des droits de douane sur le cognac et le brandy européens
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Après le coup sous la ceinture de l’Union européenne, la Chine contre-attaque en imposant des droits de douane sur le cognac et le brandy européens.
Pourquoi on en parle ? Le problème, c’est que 99 % du brandy importé en Chine vient de France. Ce marché est crucial pour le cognac, représentant jusqu’à 60 % du chiffre d’affaires de certaines maisons, avec des exportations de 3,6 milliards d’euros en 2022. En clair, attaquer le cognac, c’est attaquer la France.
Contexte : Le 5 janvier, la Chine a lancé une enquête antidumping sur les spiritueux français, accusant la France de vendre à des prix déloyaux. Les producteurs ont répliqué avec un dossier de 20 000 pages en mandarin, mais c’est finalement une négociation entre E. Macron et Xi Jinping qui a mené au cessez-le-feu.
Problème : Tout a basculé vendredi, après la décision de l’UE de taxer les véhicules électriques chinois. La Chine a donc rétorqué ce mardi, et met en danger 15 000 emplois directs et 75 000 emplois indirects, dans une filière déjà affaiblie.
- Dans les faits : À partir du 11 octobre, les tarifs s’alourdissent : +30,6 % pour Martell (Pernod Ricard), +38,1 % pour Rémy Cointreau et +39 % pour Hennessy (LVMH). Sans alcool, la fête est plus folle ? Pas sûr : LVMH perd plus de 3 %, Pernod Ricard – 4 %, et Rémy Cointreau prend un tacle glissé à la Pepê et perd 8 %.
Et cette annonce arrive à un moment peu favorable pour le secteur. La demande de spiritueux est déjà en baisse aux États-Unis et le Cognac a enregistré une baisse de 22 % des ventes en 2023 dans le monde.
Un peu de recul : Jusqu’où pouvons-nous jouer les cowboys avec la Chine ? La Commission a identifié 137 produits stratégiques dont l’UE est dépendante, et 52 % viennent de Chine. En 2023, la Chine était le troisième partenaire le plus important pour les exportations de biens de l’UE (8,8 %) et le plus grand partenaire pour les importations de biens de l’UE (20,5 %). Concrètement, ça va être tendu.
- L’UE reste malgré tout un acteur clé dans certains secteurs, et surpasse même les États-Unis en termes d’exportations de nombres de biens dont la Chine est dépendante avec 120 biens exportés contre 57 pour les USA.
Bref. La Commission européenne veut tout de même faire appel de cette décision « injuste » et « infondée » auprès de l’OMC. Elle craint un scénario similaire à celui du vin australien, qui, malgré une décision favorable de l’OMC, a disparu du marché chinois pendant quelques années à la suite de cinq ans de conflits.