La Banque centrale du Japon a relevé son taux directeur pour la 1ère fois depuis 2007

Publié le
19/3/2024

Pendant que les investisseurs européens et américains attendent une baisse des taux, le Japon fête sa première hausse depuis 2007, sortant de l’ère négative.

Pourquoi on en parle ? Cette décision pourrait impacter les marchés financiers occidentaux compte tenu des quantités massives de dettes que détient le Japon.

Flashback : Depuis les années 90, le Japon a enchaîné les plans de relance pour tenter de ressusciter l’économie après l’éclatement d’une bulle immobilière qui a noyé l’économie du pays. Ils ont donc maintenu des taux directeurs à 0, voire dans le négatif pour stimuler l’économie.

  • Rappel : Les taux négatifs visent à stimuler l’économie en décourageant l’épargne et en encourageant les dépenses et les investissements. En clair, les épargnants devaient payer pour déposer leur argent à la banque, alors que les emprunteurs étaient récompensés quand ils empruntaient. Bref, dépenser et investir, ou rien.


Les investisseurs Japonais en ont donc profité pour investir à l’étranger. Le Japon est devenu l’un des plus gros exportateurs de capitaux du monde avec 4 400 milliards de dollars investis à l’étranger. Le pays est d’ailleurs le plus gros détenteur étranger de bons du Trésor américain (obligations). Rien que ça.

Le déclin : le cocktail vieillissement de la population + taux de natalité faible a porté le coup de grâce aux finances publiques. L’économie stagne donc depuis 25 ans et souffre de déflation (baisse prolongée des prix).

Aujourd’hui, la tendance est en train de s’inverser grâce aux augmentations de salaires et au retour de l’inflation stable (autour de 2%). La Banque du Japon (BoJ) a donc décidé d’augmenter les taux pour relancer son économie et les porte donc de -0,1% à 0-0,1%.

  • Problème : Une hausse des rendements d’obligations japonaises et des nouvelles hausses de taux pourraient inciter les Japonais à ramener les capitaux à la maison. Un tel rapatriement augmenterait les rendements d’obligations des pays occidentaux, et pourrait potentiellement mettre de nombreux pays sous l’eau… Vous l’aurez compris : le pouvoir des États qui détiennent une quantité massive d’obligations est immense.  


Et la France dans tout ça ? Le Japon fait partie des principaux détenteurs de bons du Trésor français. Une baisse d’investissement pourrait mettre un tacle aux finances, compte tenu du problème de déficit budgétaire que le gouvernement essaie de régler.

Bref. Même si la situation économique du Japon s’améliore, avec notamment le Nikkei (principal indice japonais) qui a atteint son plus haut depuis 33 ans fin février, la BoJ reste vigilante. Elle ne prévoit pas d’autres hausses de taux pour le moment, ce qui permet donc à l’occident de souffler.