Jörg Kukies a été nommé hier pour succéder à Christian Lindner

Olaf Scholz/X
Publié le
8/11/2024

J. Kukies, l’un des proches conseillers d’Olaf Scholz, chancelier allemand, a été nommé hier pour succéder à C. Lindner, Ministre des finances qui a été limogé.

Pourquoi on en parle ? Comme on le disait hier, c’est un move historique, et du jamais-vu depuis 1982 qui pourrait changer la donne pour l’Union européenne (UE).

Contexte : L’allemagne repose sur une coalition tripartite entre le SPD (centre gauche), l’Alliance 90/Les Verts et le FDP (centre droit) qui est née de la négociation des fonds extra-budgétaires de 2021 pour lutter contre le Covid.

Problème : Tout bascule en 2023 quand la Cour constitutionnelle décide de réintégrer ces fonds dans le budget global, ce qui crée une crise budgétaire, et porte un premier coup à l’alliance. Pour ne rien arranger, l’Allemagne entame sa deuxième année de récession, les investissements restent sous les niveaux de 2019, et les géants allemands comme Volkswagen et Continental restructurent.

Comment en est-on arrivé là ? L’Allemagne a historiquement misé sur la compétitivité hors-prix notamment grâce à la “Deutsche qualität”, et ça a fonctionné tant qu’elle dominait. Mais aujourd’hui, il y a la Chinese Qualität et leurs prix réduits.

  • Plus que tout : L’Allemagne doit faire mieux que la concu sans gaz russe (dont elle dépendait à plus de 50 %).

Un peu de recul. D’un côté, le timing est terrible : la Russie met la pression, la Chine inonde l’Europe avec ses voitures, et Trump pourrait imposer 20 % de droits de douane, ce qui coûterait 180 milliards par an à l’Allemagne (1,5 % du PIB). Mais de l’autre, la chute de la coalition pourrait apporter plus de clarifications à l’échelle de l’UE à moyen et long terme.

Pourquoi ? La coalition allemande manquait de clarté, et Berlin a parfois eu du mal à prendre des positions cohérentes au Conseil de l’UE. Mais plus que tout, l’un des dossiers prioritaires pour la future coalition sera le « frein à la dette » inscrit dans la Loi fondamentale allemande en 2009.

  • Cette règle, qui limite le déficit public, limite la capacité d’investissement allemande à un moment où l’Europe cherche à rivaliser avec le trio offensif. Concrètement, accorder plus de flexibilité sur ce point pourrait être un véritable game changer pour tout le continent.

Bref. Le Chancelier prévoit de soumettre son gouvernement à un vote de confiance au parlement le 15 janvier. En cas d’échec, des élections anticipées devront se tenir d’ici mars. Actuellement, les chrétiens-démocrates seraient autour de 30 % des voix, suivis par l’AfD (extrême droite) à environ 18 %, et le SPD à 15 %.