Emmanuel Macron estime que les JO permettront 6 milliards d’euros de retombées économiques

E. Macron s’est rendu hier au chantier du Grand Palais, l’occasion pour lui de faire un point sur les retombées économiques des Jeux Olympiques.
À 101 jours de l’événement, E. Macron a évoqué « plus de 6 milliards » de retombées économiques, mais la question de l’impact réel des JO sur les finances publiques se pose. Et vous le savez, les finances publiques, c’est la plus grande priorité de l’Etat en ce moment.
Rappel : C’est le comité d’organisation des JO (Cojo) qui se charge de l’organisation de l’événement. Il reçoit de l’argent des sponsors privés (LVMH, Visa & Cie), du comité international olympique et de la billetterie pour payer les agents de sécurité, les danseurs pour la cérémonie, la location du Stade de France, etc. De son côté, l’Etat prend en charge le financement des infrastructures (piscine, village olympique…).
- Du budget total de 4,4 milliards d’euros, il ne reste plus que 120 millions d’euros en réserve au Cojo, et s’il dépasse le budget, c’est l’Etat qui régale.
Où en sommes-nous ? Les prévisions de dépenses sont passées de 6,8 milliards en 2019 à 8,8 milliards d’euros aujourd’hui et la facture pourrait même dépasser les 10 milliards. En ce qui concerne les finances publiques, les dépenses étaient estimées à 3 milliards d’euros début 2023 par P. Moscovici, président de la Cour des comptes. Aujourd’hui, il parle plutôt de “Trois, quatre, cinq milliards d’euros”…
Pourquoi ? C’est rien, c’est les JO… Pour rappel, la sélection des villes hôtes se fait sous forme de vente aux enchères, ce qui pousse les villes à présenter des projets très ambitieux, comme l’organisation du triathlon dans la Seine par exemple. Elles ont tendance à sous-estimer les coûts et à surestimer les revenus : les dépassements de budget pour les JO s’élèvent à 172% en moyenne depuis 1992.
Mais pas d’inquiétude au gouvernement : “Les jeux financent les jeux”. Selon E. Macron, “ces investissements vont être rentables car ils seront pérennisés, ils ont généré de l’activité”. Les infrastructures construites pour les JO serviront encore après l’événement. Le village olympique permettra par exemple de créer “plus de 4 000 logements, […], des bureaux, de l’activité, dans des quartiers qui en ont tellement besoin”.
Un peu de recul : E. Macron semble confiant, mais entre les préavis de grève déposés par la CGT et la FO, les réservations d’hôtel en chute libre, les menaces d’attaques terroristes… La question de la réussite de l’évènement est légitime.
- Et cette réussite se mesurera surtout sur l’après-JO. Dans le passé, plusieurs exemples dont Rio, Pékin ou Athènes ont montré que les infrastructures sont laissées à l’abandon à cause du manque de financement ou d’utilité. Mais selon A. Piqueras, directeur technique de Paris 2024, l’organisation met tout en place pour ne pas en arriver là.
Bref. Une étude sur l’impact économique des JO devrait être publiée par Paris 2024 d’ici la fin du mois d’avril. Il y 7 ans, le comité organisateur évoquait trois scénarios, avec une fourchette haute à 10,7 milliards et une fourchette basse à 5,3 milliards d’euros, mais la fourchette haute ne devrait pas être atteinte selon plusieurs économistes du sport. En attendant, les JO de Paris pourraient être les jeux les moins chers de ces dernières décennies (Tokyo 2021 : 12 milliards d’euros, Rio 2016 : 13 milliards, Londres 2012 : 12 à 15 milliards).