Christine Lagarde déclare que l’Union Européenne doit acheter plus aux Etats-Unis

Christine Lagarde/X
Publié le
28/11/2024

C. Lagarde, présidente de la Banque Centrale Européenne (BCE), a déclaré que l’Union Européenne devrait sortir le carnet de chèques pour acheter américain et éviter une escalade du conflit.

Pourquoi on en parle ? C. Lagarde sous-entend que l’UE doit se plier à D. Trump. Plutôt surprenant puisque l’Union, galvanisée notamment par E. Macron, s’était dite prête à réagir en cas de hausse des barrières douanières.

Contexte : L’UE, avec un excédent commercial de 150 milliards d’euros (exportations > importations), n’est pas encore affectée par les droits de douane, mais elle reste dans le viseur : Trump avait qualifié l’UE de « mini Chine », qui exploite les USA en accumulant des excédents commerciaux massifs.

  • Des droits de douane de 10 % imposés sur les exportations européennes coûteraient 13,4 milliards de dollars aux exportations françaises vers les USA en 2025-2026.
  • Cette mesure freinerait aussi la croissance du commerce mondial, la ramenant sous 5 %, soit 2,4 points de moins que les prévisions.

Résultat : Dans une interview accordée au Financial Times, C. Lagarde invite l’UE à négocier avec le futur président américain, plutôt que de se lancer dans une guerre commerciale frontale. Selon elle, c’est le meilleur scénario pour éviter des représailles commerciales, où personne ne gagne vraiment.

  • Concrètement, elle propose d’acheter du gaz naturel liquéfié ou des équipements de défense que l’Europe ne peut produire elle-même pour réduire le déficit commercial des USA.

Un peu de recul. “Acheter plus de gaz, si c’est du gaz de schiste, est en complète contradiction avec les objectifs d’une économie européenne décarbonée”, commente P. Lamy, l’ancien DG de l’Organisation mondiale du commerce (OMC).

  • Selon P. Lamy, l’UE devrait envisager de menacer les USA de contre-mesures… et avec le reste du monde à la tête d’une coalition, en sachant que 90 % des pays de la planète sont en faveur d’un système commercial avec des règles.

Bref. C. Lagarde relève tout de même un autre risque : les produits chinois, moins compétitifs sur le marché américain, vont chercher de nouveaux débouchés, comme l’UE. En clair, on aurait un « réacheminement » des produits chinois en Europe. Si les prix pour les consommateurs baissent, des entreprises risquent de fermer faute de compétitivité, ce qui entraînerait une hausse du chômage, notamment dans le secteur industriel qui saigne déjà du nez…