S. Altman a été licencié sur décision du conseil d’administration d’OpenAI qui “n’a plus confiance dans [sa] capacité à diriger la structure”. Un chaos qui pourrait faire mal à OpenAI.
- Personne, ni même Microsoft qui détient 49% de l’entreprise, n’était au courant de la décision. En temps normal, un investisseur qui a autant de parts peut même exiger de savoir ce que le PDG mange au goûter. Mais si Microsoft n’a pas eu son mot à dire, c’est à cause de la structure atypique d’OpenAI.
Rappel : OpenAI a été lancé sous forme d’organisation à but non lucratif pour créer « une IA générale de façon sûre et bénéfique pour l’humanité », et éviter les risques d’une « superintelligence » potentiellement plus dangereuse que l’arme nucléaire selon certain cofondateurs, dont Elon Musk. Mais comme Magneto, S. Altman, arrivé à la tête de la boîte en 2019, a réalisé l’étendue de son pouvoir…
- Il a donc créé une société à but lucratif qui lui a permis de bénéficier de l’investissement de 11 milliards de dollars de Microsoft pour développer GPT-3, GPT-4 et le fameux produit grand public ChatGPT. Ce virage a provoqué le départ de nombreux piliers dont E. Musk, et en a froissé d’autres comme Ilya Sutskever, co-fondateur et scientifique en chef d’OpenAI.
Dans le détail : Le board d’OpenAI est composé de six membres dont trois cofondateurs : d’un côté, S. Altman et le président G. Brockman qui veulent déployer l’IA à toute vitesse et de l’autre, Ilya Sutskever, qui veut privilégier la sécurité.
Qu’est-ce qu’il s’est passé ? Aucun motif clair n’a encore été divulgué à ce stade, mais des théories ont émergé sur le pourquoi du comment.
1. Sutskever a persuadé les trois membres externes du board que l’approche d’Altman était trop risquée : « Le conseil n’a fait que remplir sa mission, qui est de s’assurer qu’OpenAI construit une IA qui bénéficie à toute l’humanité » selon lui.
- S. Altman a récemment cherché à lever des fonds auprès de Microsoft et même au Moyen-Orient pour un projet de puces IA dans le but de concurrencer Nvidia.
- Il a introduit les GPTs il y a deux semaines sur le modèle de l’App Store avec des incitations financières en fonction des téléchargements, de quoi faire vomir Ilya Sutskever…
2. Sam Altman aurait pu minimiser le montant dépensé chaque mois pour faire tourner ChatGPT, ou encore minimiser un gros problème de sécurité. Microsoft aurait d’ailleurs suspendu l’utilisation de ChatGPT en interne il y a quelques jours et OpenAI a ensuite mis en pause les nouvelles inscriptions.
3. Peu probable, mais S. Altman a été accusé d’abus par sa sœur cadette – sauf que le communiqué d’OpenAI laisse penser que c’est plutôt un problème professionnel qui a mené à son licenciement.
Et maintenant ? Toute la Silicon Valley soutient S. Altman et G. Brockman qui a démissionné suite au licenciement du patron. S. Nadella, PDG de Microsoft, aurait rallié les gros investisseurs d’OpenAI (Tiger Global, Sequoia et Thrive Capital) pour mettre la pression sur le board et convaincre S. Altman de revenir.
- Selon le média The Verge, S. Altman est “partagé”, mais pourrait tout de même revenir à condition que la gouvernance de l’entreprise soit réformée et que les membres du board, dont Sutskever, démissionnent. Mais les négociations bloquent encore à ce stade selon Bloomberg.
- Les employés d’OpenAI ont répondu un ❤️au post sur X d’Altman pour signaler qu’ils quitteraient OpenAI et le suivraient dans une nouvelle startup si le coup d’État aboutissait selon The Verge. Il y a de quoi faire transpirer les investisseurs…
- Cerise sur le gâteau : Altman ne détient aucune part d’OpenAI donc le board ne pourra pas faire pression pour l’empêcher de sortir les dossiers…
Bref. Mira Murati a été nommé CEO par intérim, mais ça ne va pas arranger les choses. Cette semaine risque d’être une série Netflix, et on vous tiendra au courant de chaque épisode.