Après des mois de négociation, EDF a trouvé un accord avec le gouvernement.
Pourquoi on en parle ? Depuis juin dernier, le gouvernement est redevenu le seul actionnaire d’EDF notamment pour prendre la main sur le prix de l’électricité en France. Et cet accord a permis de trouver le “juste prix” de l’électricité.
Contexte : Pour comprendre les enjeux, il faut d’abord comprendre comment sont fixés les prix de l’électricité. En France, l’électricité est produite par des centrales nucléaires détenues par EDF puis redistribuée aux fournisseurs dans le cadre de la régulation de l’ARENH (Accès Régulé à l’Électricité Nucléaire Historique).
- L’ARENH permet aux fournisseurs d’acheter une partie de cette électricité nucléaire à un prix fixé par l’État, souvent inférieur au prix du marché.
Objectif : Favoriser la concurrence. D’autres entreprises peuvent acheter l’électricité produite par EDF pour les vendre aux particuliers à des tarifs compétitifs.
Problème : Le système menace la souveraineté de la France et étrangle EDF. L’ARENH oblige EDF à vendre l’électricité à perte quand le coût de production augmente comme en 2022, et limite sa capacité à maximiser ses profits puisqu’une grande part de l’électricité produite n’est pas vendue au prix du marché, mais au prix fixe de 42€ le MWh (nettement en dessous du coût de production).
Résultat : Avec des revenus réduits et/ou incertains, EDF a du mal à financer l’entretien des centrales et à investir dans de nouvelles infrastructures. Ces difficultés pourraient ralentir la transition énergétique de la France.
Et maintenant ? L’ARENH prend fin en 2025, et le gouvernement veut négocier une nouvelle régulation en faveur d’EDF. Les discussions visaient justement à trouver l’équilibre entre favoriser la santé financière d’EDF et celle de notre portefeuille.
- Selon le compromis, le prix de l’électricité s’établirait désormais à 70€ le MWh comme le souhaitait l’Etat, soit un gros progrès par rapport au prix de l’ARENH, mais on reste loin de ce qu’espérait l’électricien (100€-120€), le seuil lui permettant de financer ses projets nucléaires pour les années à venir.
Quel impact pour nous ? On pourrait payer plus cher. Mais si les prix de l’électricité se négocient au-dessus de 70€, l’Etat taxera les revenus du groupe issus du nucléaire pour nous les redistribuer. L’État pourrait même prélever jusqu’à 90% des revenus excédentaires si le prix dépasse 110€/MWh.
Bref : L’avenir d’EDF reste incertain malgré l’accord. La dette de l’entreprise s’élève à 65 milliards d’euros. Et les objectifs contradictoires de l’État (sauver EDF ou le consommateur) mènent à un entre-deux qui pourrait empêcher d’assurer la souveraineté énergétique du pays et de générer le cash flow nécessaire pour suivre l’agenda du gouvernement à base d’investissements massifs dans le nucléaire.