Altice se prépare à recevoir les premières offres pour ses activités portugaises et pour une participation dans sa filiale française (dont SFR).
Le milliardaire franco-israelien Patrick Drahi s’apprête donc à poser le panneau “À vendre” devant l’empire bâti grâce à une dette colossale de 60 milliards d’euros.
Comment en est-on arrivé là ? Drahi a débuté avec un petit opérateur de câble à Cavaillon dans le Vaucluse. Il a ensuite racheté une entreprise à crédit, puis une autre, plus grosse et toujours à crédit, et encore une autre… L’expansion était inarrêtable.
- P. Drahi est devenu très bon dans le jeu d’équilibriste entre le risque d’un endettement élevé et le retour sur investissement. Concrètement, il pariait sur les flux de trésorerie futurs pour nourrir la bête de la dette, et cette stratégie a fonctionné grâce à des taux historiquement bas depuis 2010.
Résultat : Il s’empare progressivement de géants dans les télécoms comme SFR qu’il a payé 13,5 milliards d’euros, dans les médias (BFM, I24 News) ou encore dans l’art avec la prestigieuse maison de ventes enchères Sotheby’s qui lui a coûté 3,7 milliards. Sa fortune était estimée à 22 milliards d’euros en 2015.
Problème : Les banques centrales ont augmenté les taux… Considérez la dette de Drahi comme une bombe à retardement, dont le compte à rebours s’accélère à mesure que les taux d’intérêt augmentent. Et c’est une course contre la montre pour le désamorcer avant qu’il ne fasse un trou dans la coque de l’empire.
- Le principal taux de la Banque centrale européenne est passé de 0% en juillet 2022 à 4% en septembre 2023.
- Dans ce genre de schéma, la dette n’est généralement jamais remboursée : elle est refinancée. En clair, un nouveau crédit remplace l’ancien. Mais avec la remontée des taux, les nouvelles charges financières sont plus importantes que les précédentes, sauf que les entreprises de P. Drahi, notamment SFR, pourraient ne plus réussir à tenir sur les appuis.
- Cerise sur le gâteau : Armando Pereira, co-fondateur d’Altice et bras-droit de Drahi est soupçonné de corruption et assigné à résidence, ce qui complique d’autant plus le redressement de l’entreprise et la relation avec les créanciers.
Bref : Altice se prépare à recevoir les premières offres pour ses activités portugaises et pour une participation dans sa filiale française. Selon Bloomberg, Altice a envoyé des données sur ses activités à de potentiels intéressés et a demandé de premières offres dès le mois prochain notamment pour Meo, sa filiale au Portugal.