Le soft power français est en train de conquérir l’Amérique : après Hollywood, c’est au tour du syndicat des travailleurs de l’automobile UAW de déclencher une grève simultanée historique chez les “Big Three” : General Motors, Ford et Stellantis. 

Pourquoi on en parle ? C’est une grève sans précédent. Les trois constructeurs, qui comptent ≈ 150 000 employés représentés par l’UAW, pourraient voir leurs usines américaines fermer si aucun accord n’est trouvé. Le mouvement social, qui aurait pu être l’œuvre d’El Professor, pourrait coûter très cher à l’économie.

• Une grève de 10 jours chez les trois constructeurs coûterait 5 milliards de dollars selon l’Anderson Economic Group.

Comment en est-on arrivé là ? Un grand classique : le syndicat veut sa part du gâteau des superprofits engrangés par les constructeurs ces dernières années. 

• Actuellement, les employés sont payés entre 18 et 32$ de l’heure pour produire près de la moitié des voitures aux États-Unis. UAW exige donc une augmentation de 40% et l’élimination de la double échelle de salaires dans laquelle seuls les ouvriers de plus de huit ans d’ancienneté touchent 32$ de l’heure contre 17$ de l’heure pour les ouvriers récemment embauchés.
• Le “Big Three” a rejeté ces revendications et a proposé des augmentations de salaire jugées insuffisantes, ce qui a donc lancé la grève historique vendredi.

Quelles conséquences ? Au-delà de l’impact économique, c’est Tesla qui est au centre des débats. La société d’Elon Musk est en avance dans le secteur des voitures électriques, a le totem d’immunité contre les grèves puisqu’elle n’embauche pas de travailleurs syndiqués, et cerise sur le gâteau : le coût en main-d’œuvre d’une Tesla est estimé entre 45 et 50$ de l’heure contre 64 à 67$ pour le Big Three. 

• En clair, plus la grève se prolonge, plus Tesla prend de l’avance, et plus le sommeil des dirigeants du Big Three va se réduire.

Et maintenant ? Le syndicat a préparé sa stratégie depuis des mois et des mois. Concrètement, plutôt que de faire grève tous ensemble, les travailleurs se tourneront les pouces par vagues à des endroits spécifiques. Plus encore, les grévistes pourront compter sur la caisse de grève qui atteint 825 millions de dollars, soit le montant suffisant pour financer jusqu’à trois mois de grève selon Evercore ISI. 

Bref : “Nous pensons qu’une grève de plus de 4 semaines porterait un coup dur aux ambitions de GM et de Ford en matière de véhicules électriques […] Tesla est clairement la gagnante dans cette histoire” ont déclaré les analystes de WedBush Securities.