On est en 2019. Il fait beau, et le soleil se couche sur le siège social de WeWork à New York. La boîte pèse 49 milliards de $ et est la startup la mieux valorisée du monde. Adam Neumann, fondateur et PDG, veut « Élever la conscience du monde ». Qu’est-ce que ça veut dire ? On ne sait pas, et eux non plus, probablement.
Mais peu importe : aujourd’hui, WeWork pèse 320 millions de $.
Comment en est-on arrivé là ? WeWork, c’est une entreprise qui met à disposition des locaux et des services de coworking. Le business model est simple : WeWork loue des bâtiments à des propriétaires à un prix fixé sur le long terme, puis les loue à son tour à des clients à des prix plus élevés.
Problème : Les clients de WeWork bénéficient pour la plupart de contrats à court terme qu’ils peuvent facilement résilier. En clair, WeWork ne sait pas combien de temps ses clients vont rester.
- WeWork doit donc absolument remplir ses espaces à chaque fois que des clients quittent les bureaux pour pouvoir rembourser ses bailleurs.
Et pour ne rien arranger, En 2015, quand l’entreprise était valorisée à ≈10 milliards de $, A. Neumann a faim de croissance (et de gloire) : il décide de louer ses bureaux à de plus grandes entreprises, donc de plus grands espaces pour un montant plus élevé.
Mais il y a encore un problème : Le business model était déjà risqué à l’origine, mais c’est encore pire quand une entreprise décide de quitter tout un étage du WeWork. Il est facile de louer un petit espace rapidement, mais c’est plus dur de trouver rapidement un locataire pour tout un étage.
Résultat : de grands espaces peuvent ne pas être loués pendant un long moment, et les loyers correspondant n’arrivent plus chaque mois dans les caisses de WeWork. Et c’est pas fini…
- Le coup de grâce en 5 lettres : COVID. Le virus, qui a éteint la demande de bureaux en coworking et poussé l’économie mondiale à flirter avec la récession, a porté le tacle glissé ultime à WeWork.
Et maintenant ? Les dirigeants de WeWork ont indiqué à la SEC, le gendarme de la Bourse américaine, qu’« il existe un doute substantiel sur la capacité de l’entreprise à poursuivre ses activités ». En clair, ils sont tout proche de la faillite, mais ils ne vont pas se laisser faire…
La dernière cartouche : Le problème de WeWork, c’est que l’entreprise est bloquée avec des baux à long terme dans des localisations qui sous-performent. Concrètement, elle est obligée d’opérer dans les bâtiments malgré les pertes.
Résultat : Le DG de WeWork a déclaré la semaine dernière que l’entreprise de coworking allait tenter de renégocier presque tous ses baux et se retirer des sites sous-performants.
Bref : Malgré la reprise du marché du coworking, WeWork n’arrive toujours pas à s’en sortir et a perdu 15 milliards de $ depuis fin 2017. L’entreprise est encore maintenue en vie grâce à son propriétaire Softbank qui a investi 18,5 milliards de $ au total depuis 2017.