Le feuilleton Casino dure depuis des mois maintenant, et hier, les prétendants à la reprise du groupe ont dévoilé leur business plan. On fait le récap.
Contexte : Le groupe Casino (200 000 employés dans le monde) regroupe notamment Monoprix, Franprix, ou Cdiscount. Ce sont de belles marques, mais l’empire chavire depuis des années et a pris un tournant le 26 mai en entamant une “procédure de conciliation” pour renégocier sa dette de 6,4 milliards d’euros.
Comment en est-on arrivé là ? Cette chute est liée à plusieurs problèmes dont celle de la faible croissance externe, stratégie sur laquelle J-C Naouri a posé la maison depuis 1990, et qui vise à financer des acquisitions par la dette, remboursée par les profits qu’on espère tirer de l’opération.
Problème : La croissance n’est pas au RDV à cause d’erreurs stratégiques. Cerise sur le gâteau, J-C Naouri a été auditionné le 1er juin dans le cadre d’une enquête pour “manipulation de cours en bande organisée” et “délit d’initié” commis courant 2018 et 2019. Le cours de l’action titille les bas-fonds depuis, et le problème dans l’histoire, c’est que la dette du groupe est garantie par… le cours de son action.
Et maintenant ? “Soyez craintif quand les autres sont avides, et avides quand les autres sont craintifs” disait W. Buffet. Deux offres sont sur la table.
- Le trio Pigasse, Niel et Zouari (3F) : 900 millions d’euros investis, dont 450 en fonds propres pour créer un “projet industriel et commercial de long terme (..) et un ancrage français confirmé”.
- Le duo Marc Ladreit de La Charrière et Daniel Krestinsky : un grand projet financier grâce à un apport en fonds propres de 1,35 milliard et une conversion de 5 milliards d’euros de dettes en capital.
Et maintenant ? L’offre du magnat tchèque des médias, D. Krestinsky, prend l’avantage : la dette du groupe ne s’élèverait qu’à 2 milliards avec son offre, contre plus de 3,6 avec celle du trio. Et on connaît aussi les capacités de cet ancien avocat, capable de mettre sur pied des plans de financement massifs en quelques jours et cette capacité à construire des montages financiers d’envergure.
Bref : La deadline pour trouver un accord, c’est le 27 juillet, et rien n’est encore gagné. B. Le Maire a déclaré que « l’État sera vigilant sur l’emploi », mais les deux groupes de prétendants s’engagent à maintenir les 50 000 emplois en France. L’action a baissé de 55% sur les trente derniers jours, et de près de 75% depuis le début de l’année. Simple rappel.