Pour la 10ème fois consécutive, la Fed (Banque centrale américaine) a décidé d’augmenter ses taux directeurs de 0,25 point de pourcentage.
Pourquoi on en parle ? De nombreux économistes pensent que cette hausse de taux était la dernière de cette série entamée il y a plus d’un an maintenant pour refroidir l’économie et faire baisser l’inflation. Mais attendez avant de sortir le champagne : on n’est pas encore tiré d’affaires.
Dans le détail : augmenter ses taux d’intérêt l’année dernière c’était une chose, mais le faire aujourd’hui, c’en est une autre. Pourquoi ?
- D’un côté : l’économie peine à se refroidir. Le nombre de création d’emplois privés aux Etats-Unis est toujours élevé et dépasse largement les estimations. Sans oublier l’inflation qui reste forte surtout dans le secteur des services.
- De l’autre côté : le secteur bancaire est en sueur. Avec déjà trois faillites bancaires depuis le début de l’année aux Etats-Unis, la décision de remonter les taux ne se prend pas à la légère.
Rappel : Hausse des taux => pertes latentes (sur le papier) des banques qui ont accordé des prêts et/ou acheté des obligations quand les taux étaient encore bas => panique des clients qui retirent massivement leur fonds (bank run) => banques forcées de vendre les obligations à perte pour assurer les retraits des clients (ce qui transforme les pertes sur le papier en pertes réelles) => panique des investisseurs => c’est reparti pour la spirale infernale.
Et maintenant ? J. Powell n’a pas l’habitude d’être clair dans ses propos, et c’est volontaire : “quelques mois de données vous montreront que nous avons fait le bon choix”. En clair, il n’ont pas parlé de pause (des hausses de taux) hier, mais dans la langue de J. Powell, ça sous-entend que les banquiers centraux n’hésiteront pas à annoncer la fameuse pause à la prochaine réunion de la Fed le 21 juin si jamais ils voient notamment un ralentissement de l’inflation dans le secteur des services.
Bref : Selon certains économistes présents au World Economic Forum Growth Summit ce mardi, une période d’inflation élevée et d’instabilité financière pourrait bien durer. Réduire l’inflation jusqu’à son objectif sera très compliqué pour la Fed puisque de l’autre côté, l’augmentation des taux pourrait fragiliser encore plus le secteur bancaire déjà en PLS.