Paul Volcker était président de la Fed (Banque centrale américaine) dans les années 80. Il est entré au “panthéon des banquiers centraux” après avoir pris une décision digne d’une cascade de Paul Walker dans Fast and Furious.
En 1980, l’inflation bat des records aux États-Unis, avec un pic de 14,76% en mars sur un an.
La raison : le dynamisme important des 30 années précédentes, aka les Trente Glorieuses.
Pour ne rien arranger, le 2ème choc pétrolier de 1979 a mis le coup de grâce, en multipliant le prix du pétrole par 3.
Une spirale inflationniste (boucle prix-salaire) se met en place ; hausse de l’inflation ⟹ les salariés exigent plus de rémunération ⟹ hausse du pouvoir d’achat ⟹ hausse de la consommation ⟹ hausse de l’inflation.
Paul Volcker a fait le choix de mettre un tacle glissé deux pieds décollés à l’économie américaine, en sacrifiant la croissance : du jamais vu. Selon lui, la politique monétaire se limitait uniquement aux taux d’intérêts qu’il a fixés à près de 19% au plus haut. Simple et efficace pour freiner l’économie.
Rappel : il a sacrifié la croissance avec la hausse hausse des taux d’intérêt qui entraîne la hausse des coûts de l’emprunt ⟹ baisse des investissements ⟹ diminution de la consommation ⟹ baisse des prix et baisse de la croissance économique.
Résultat : Les États-Unis ont plongés en récession, des vagues de protestations ont éclaté et le Congrès américain a demandé sa destitution, mais Volcker garde le cap.
En 1983, il parvient à ramener sur terre l’inflation, qui redescend à 3,2%, et qui entraîne une hausse du chômage. Pari réussi : Volcker entre dans la légende. Mais Volcker et Powell sont différents…
Deux éléments expliquent pourquoi “la méthode Volcker” ne peut plus s’appliquer aujourd’hui :
- Les économies mondialisées et interdépendantes
- L’inflation n’est pas issue d’une boucle prix-salaire
La financiarisation et l’interdépendance ne permettent plus de la jouer perso. Si J. Powell, actuel président de la Fed, remontait les taux comme Volcker l’avait fait à l’époque, une crise financière puis économique mondiale serait inévitable.
Bref : Jay Powell doit évidemment mettre un coup de frein à l’économie pour ralentir l’inflation comme Volcker l’a fait dans les années 80. Mais Powell tente de le faire tout en préservant la croissance : c’est ce qu’on appelle l’atterrissage en douceur. Et autant vous dire que Jay Powell aura sa place dans le carré VIP aux côtés de Volcker s’il réussit cette prouesse technique.