Vous avez peut-être entendu parler des grèves dans les raffineries ces derniers jours (peut-être…). Et les syndicats, déjà à 10/10 sur l’échelle de Benoît Paire, en ont profité pour pointer un nouveau “problème” du doigt : les salaires des grands patrons, dont leur chouchou P. Pouyanné, PDG de TotalEnergies.
Comment ça marche ?
En France, la rémunération des grands patrons est déterminée par le conseil d’administration de l’entreprise qu’ils dirigent. Dans le secteur public (EDF, SNCF, etc.) le salaire est plafonné à 450 000€ annuel, mais dans le privé : sky is the limit.
Leur rémunération dans le privé est généralement composée d’une part fixe mais aussi de bonus comme des stock-options ou des indemnités de rupture de contrat. Dans le cas des stock-options, une partie de leur salaire est versée en actions s’ils atteignent certains objectifs financiers.
Ces actions ont une particularité : elles sont fixées à un certain prix gravé dans le marbre. Le PDG a donc tout intérêt à faire croître le cours de bourse pour pouvoir profiter pleinement de son avantage.
Mais depuis la loi Sapin II de 2016, les actionnaires ont le pouvoir de s’opposer au versement de cette part additionnelle s’ils estiment que c’est too much. En cas de refus, le DG ne touche pas de bonus et n’a plus que ses yeux pour pleurer (même si on ne s’inquiète pas pour lui).
Les salaires en Europe
P. Pouyanné, le chouchou, a été critiqué pour avoir augmenté son salaire de 3,9 à 5,9 millions d’euros entre 2020 et 2021 (+52%). Mais il s’est défendu en rappelant que cette hausse compensait en réalité une baisse de 36% en 2020, liée à la chute des résultats du groupe pendant la pandémie.
Si P. Pouyanné a justifié son salaire via un tweet, Carlos Tavares, PDG de Stellantis, lui, a préféré nous rappeler qu’il n’était qu’un « salarié comme un autre » sur Franceinfo mardi. Mais la seule différence, c’est qu’il est le patron le mieux payé de France avec un salaire annuel de 19 millions d’euros qu’il justifie par les « bons, voire très bons » résultats de l’entreprise.
Mais en comparaison, si l’on prend les salaires moyens des grands patrons en 2021 en Europe, même le Royaume-Uni et l’Italie sont devant l’hexagone :
- Allemagne : 15,4 M€ (+83%)
- Royaume-Uni : 13,5 M€ (+143%)
- Italie : 8,1 M€ (+86%)
- Danemark : 7,9 M€ (+29%)
- France : 7,4 M€ (-8%)
Et quant aux grands patrons américains, ils ont été payés en moyenne 20 millions de dollars, avec le pactole pour P. Kern, PDG d’Expedia, dont le salaire annuel atteint les 296 millions de dollars en 2021. C’est plus de 10 fois le salaire de C. Tavares. Simple rappel.
Bref : Les écarts de rémunération entre les grands patrons et leurs salariés les plus modestes sont presque identiques d’un pays à l’autre avec un ratio aux alentours de 250. Et interrogé sur la question des salaires des grands patrons considérés comme “trop élevés” par les syndicats, Tavares a rappelé que la question ne s’était « jamais posée ailleurs qu’en France ».