La livre Sterling a atteint son plus bas niveau face au dollar depuis 1985 : 1 livre ne valait plus que 1,0350$ dans la nuit du dimanche au lundi. Vous l’aurez compris, le “peso britannique” est donc en difficulté.
Pourquoi on en parle ? Comme la douloureuse défaite des Bleus face au Danemark, la chute de la livre Sterling fait réagir. Avec une économie qui est entrée en récession au troisième trimestre 2022 et une inflation à 9,9% sur un an en août, cette chute ne vient pas vraiment arranger les choses. À tel point que les investisseurs traitent déjà le Royaume-Uni comme un pays émergent d’après Michael Every, stratège de RaboBank.
Comment en est-on arrivé là ?
L’inflation, causée par la hausse soudaine de la demande suite au confinement puis exacerbée par la crise énergétique, et le ralentissement de l’économie ont poussé le nouveau gouvernement britannique à agir.
Et l’annonce budgétaire du ministre des Finances est à la hauteur : on parle de la plus forte réduction des impôts depuis 50 ans et d’une forte augmentation des dépenses publiques (pour aider les ménages face aux prix de l’énergie).
Problème : Le coût de ces mesures est estimé entre 100 et 200 milliards de livres selon les économistes et pour les financer, le Royaume-Uni devra emprunter 72 milliards de livres sur les marchés.
Conséquence : Avec la baisse des impôts et la hausse des dépenses, les finances sont sous pression et les investisseurs commencent à se demander si le Royaume-Uni n’a pas les yeux plus gros que le ventre. Pour l’instant, la baisse de la livre pourrait avoir l’effet inverse de l’objectif voulu par les mesures du gouvernement puisque l’inflation pourrait augmenter à cause du coût des importations qui va augmenter.
Et maintenant ?
La probabilité que la livre Sterling atteigne la parité avec le dollar avant la fin de l’année est monté à 60% comparé à 32% avant les annonces de vendredi. La banque d’Angleterre a déclaré qu’elle n’hésitera pas à “changer” les taux d’intérêt autant que nécessaire pour ramener l’inflation à l’objectif voulu, soit 2%.
Rachel Reeves, la porte-parole du parti d’opposition (le parti travailliste) estime même que la Banque d’Angleterre “devrait réagir avec une hausse de 100 points de base de son taux”.
Bref : Larry Summers, ancien secrétaire au Trésor américain, a aussi critiqué le gouvernement briatnnique puisqu’il pense qu’il “restera dans l’Histoire comme une des pires gestions macroéconomiques d’un grand pays depuis longtemps”. Vous l’aurez compris, ça tire à balle réelle et l’orgueil du Royaume-Uni doit être touché.