Un peu à la façon du film « Braquage à l’italienne », le pays est victime de braquages de banques à répétition. Seule différence : aucune organisation terroriste ou mafieuse en vue, les voleurs sont les clients eux-mêmes qui tentent désespérément de récupérer leurs économies. Explications.
Comment en est-on arrivé là ?
Le Liban fait face à de grandes difficultés économiques et financières depuis 2019, plongeant le pays dans la précarité.
Rappel : Il est en proie à une crise de l’endettement où la dette publique représente plus de 150% du PIB, un niveau similaire à la Grèce lors de son grand plongeon en 2010, qui avait fortement impacté les pays de la zone euro.
Depuis plus de 10 ans, le pays est aussi mal géré que les arrêts au stand de Ferrari. En clair, les dépenses publiques sont exagérées et les budgets annuels ne sont pas publiés ni clos. Les Libanais ne savent pas où et comment est dépensé l’argent public et ce manque de transparence a créé de la méfiance auprès des créanciers du pays.
Résultat : ces créanciers, qui prennent un risque considérable en prêtant au Liban, exigent un taux d’intérêt plus important rendant la dette encore plus chère pour le Liban. Et comme si ça ne suffisait pas, ce manque de confiance entraîne aussi la dépréciation de la livre libanaise, suivie d’une hausse des prix avec une inflation qui a atteint les 210% sur un an en août et donc l’appauvrissement des Libanais.
Les braquages deviennent de plus en plus violents où bon nombre de personnes menacent de s’immoler par le feu. Le visage de cette crise est celui de Sali Hafez, qui a tenté de récupérer son argent pour sauver sa sœur, malade d’un cancer.
Et maintenant ?
Ce type d’action est de plus en plus fréquent et toujours plus violent : Bassam al-Sheikh Hussein, un Libanais de 42 ans, avait aussi récupéré une partie de ses économies en réalisant une prise d’otages au mois d’août. Pourquoi ?
La livre libanaise étant fortement dépréciée, les Libanais exigent de récupérer leurs économies pour les échanger contre des dollars.
Problème : la banque n’a pas suffisamment de liquidité à disposition pour tous les Libanais qui se précipitent dans les banques. On appelle ça un “Bank run”.
De fortes restrictions ont été mises en place par les banques pour se sortir de cette crise de liquidités. Le contrôle des capitaux limite les retraits, ce qui mène en partie à des braquages pour récupérer ses fonds, mais il impacte aussi la consommation, entraînant toujours un peu plus le pays dans une crise sans précédent.